Durant les périodes creuses, lorsque l’eau est froide et que les rivières sont en crues, nous pêchons le canal. Nous avons la chance d’avoir de nombreux kilomètres de canaux qui parcourent notre département.  Cela fait maintenant quelques années qu’avec Christophe, mon frère, nous parcourons les biefs qui les composent afin d’attraper des carpes.

Une belle prise

La configuration du canal est quasiment toujours la même, il y a une partie piste cyclable et une partie que l’on peut qualifier de « sauvage » (cf. photo d'introduction). Le canal fait une trentaine de mètres de large avec une profondeur moyenne de 3 mètres. Bien sûr, ceci est une moyenne, certaines portions du canal sont plus larges et plus profondes.  

Pourquoi pêcher le canal alors que nous avons de nombreuses gravières, lacs et autres parcours halieutiques très riches en carpes ?

La réponse est très simple, le canal est une pêche accessible, il n’est pas nécessaire d’avoir un bateau, on n’a pas besoin d’aller tendre ses lignes à 200 mètres du bord, et surtout le canal offre de magnifiques poissons.

Notre stratégie :

Nous pêchons essentiellement le canal lorsque nous n'avons pas plus de 12 à 24 heures de pêche devant nous. Une fois que nous avons décidé de pêcher en canal, nous cherchons d’abord le bief le plus propice pour faire du poisson. Certains biefs sont sans herbiers d’autres avec, certains biefs font plusieurs kilomètres alors que d’autre non, certains sont pêchés au coup, certains sont surplombés d’arbres et ainsi de suite. Tous ces facteurs sont importants afin de bien choisir son poste de pêche.

Si nous n’avons qu’une nuit et acune possibilité d’amorcer à l’avance, nous favorisons les ports, à proximité des bateaux qui sont souvent des zones de tenues pour les poissons. Nous avons aussi une deuxième option avec les parcours de pêches, qui sont souvent pêchés au coup. En effet, les pêcheurs au coup amorcent beaucoup entre 10 et 13 mètres … les carpes ne sont jamais très loin. Nous avons aussi souvent constaté durant les canicules d’été que les zones d’ombres sont des postes de tenues pour les carpes, comme sous un gros chêne par exemple.  

Les biefs du canal avec une forte présence d’herbiers sont synonymes de carpes, mais ils sont assez difficiles à pêcher du fait qu’une bonne dépose des montages dans les zones dites « propres » est nécessaire. Le milieu du bief est souvent moins peuplé en herbiers, cela est dû au passage des bateaux qui empêchent la prolifération des herbes. Les zones sous les ponts sont aussi dépourvues d’herbiers car ces derniers empêchent la réalisation du processus de photosynthèse. Sinon, il faut identifier les trouées dans les herbiers, pour cela, la meilleure manière est de marcher en journée avec des lunettes polarisantes, ces lunettes permettent d’identifier les zones plus claires. Une fois les zones plus claires identifiées, nous utilisons un gros trident pour la pêche du silure et nous « sondons » le fond des postes pour voir si des herbes restent sur le fond. Ensuite, il nous restera plus qu’à poser le montage. Evidemment de jour cela est simple mais de nuit, il est plus compliqué de bien poser. C’est pourquoi, nous posons tous nos montages avec un stick qui recouvre le montage et l’hameçon. Cela permet d’avoir un amorçage précis mais aussi d’avoir un hameçon en action de pêche et non bloqué dans les herbiers.  

Réalisation de sticks

Si nous avons le temps d’amorcer le poste à l’avance, nous réalisons des amorçages répartis sur 2 à 3 jours. Pour ce qui est de l’amorçage, nous amorçons principalement de la bille pure ainsi que du maïs.  L’été nous amorçons des zones très larges, environ 2/3 kilos de SCOPEX en 20 mm afin de bien stopper les poissons lors de leurs aller et retours. L’hiver c’est plutôt un amorçage au spot avec du maïs doux, en y ajoutant des billes coupées en deux, le plus souvent au niveau de la première cassure à 3-4 mètres du bord, ainsi qu’au milieu sur le sillage des bateaux. Pour les biefs où aucun poste ne se distingue, nous favorisons le milieu du canal afin d’augmenter nos chances d’intercepter un banc de carpes. Pour les canaux très peu pêchés durant les saisons chaudes, nous utilisons des SCOPEX en 20 mm. C’est une bille qui nous réussit toute l’année sur tous les types d’eaux. En saison hivernale, nous avons aussi eu de très bons résultats avec les billes Ail Foie nappées pendant plusieurs jours avec le booster du même goût. L’hiver, lorsqu’il n’y a pas trop d’indésirables, nous aimons aussi jouer sur le côté attractif.

Une fois le poste trouvé et l’amorçage (ou non) réalisé, nous démarrons notre pêche. Nous pêchons essentiellement à 2 voire 3 cannes avec mon frère. Le but est de pêcher discret et juste, il est inutile de pêcher avec trop de cannes, sous peine de couper la pêche et d’effrayer le poisson.

Si nous pêchons à deux cannes, une canne sera au milieu sur le passage des bateaux et l’autre sur notre bordure. Veillez à placer un back lead (couler la ligne) sur la canne du milieu afin d’être discret mais aussi d’éviter de couper le passage du poisson. Parfois, nous mettons une troisième canne hors de l’amorçage sur la bordure de l’autre rive.

Pour les biefs sans trop d’herbiers nous utilisons des cannes 10 pieds 2.75 lbs afin d’avoir un maximum de sensations lors des combats. Nous utilisons des montages assez simples : Leadcore afin de bien plaquer la ligne sur le fond avec un clip plomb et un plomb entre 90-120 grammes suivant le courant.

Pour le montage rien de plus simple, un simple nœud-sans-nœud avec une gaine thermo pour couder l’hameçon et le tour est joué ! Il suffira juste de régler à l’avance les cheveux pour les différents appâts. Avec mon frère, nous optons généralement pour un bonhomme de neige et un montage faux maïs à peine équilibré. La longueur des montages varie selon le type de bief que nous pêchons, s’il y a beaucoup de courant et des herbes en suspensions ; privilégiez des bas de ligne plutôt longs afin de ne pas avoir un amas d’herbes sur le clip plomb qui cache l’hameçon. Sinon des bas de lignes d’une vingtaine de centimètres suffisent amplement.

Une bonne préparation

Les départs sont souvent réalisés dans les heures qui suivent l’amorçage.  A mon sens, il n’est pas nécessaire de beaucoup amorcer au début, une poignée de maïs avec une quinzaine de billes et le tour est joué. L’essentiel est de voir si le poisson est sur la zone. Si les départs s’enchainent, il sera alors temps d’avoir la main plus lourde sur l’amorçage afin de bien tenir le poisson sur la zone.

Un point clé dans la pêche au canal c’est la discrétion, en effet si on pêche sur la bordure près de nous. Il est essentiel de se garer bien avant le poste, et de préparer son matériel à l’avance.

Un beau poissonLe poisson final

Chritsophe et Jérôme Passera

Ambassadeurs Cap River

Suivez le lien ci-dessous pour un retour vidéo de la pêche en canal :

https://www.youtube.com/watch?v=C2X_-Mq8VJQ