Pêcher la carpe en rivière impose de bien choisir son spot, découvrez les conseils de Morgan Mallet, ambassadeur Cap River.  

A travers ces lignes nous allons parler plus précisément de la traque de nos chers cyprinidés en eaux courantes. Dans cet article, je vais partager avec vous plusieurs approches que j’ai pu mettre en place sur les cours d’eau de taille moyenne de ma région et quelques faits marquants qui ont scellé à jamais tous ces souvenirs dans ma mémoire.

La diversité de la nature

Je tiens à rappeler tout d’abord que chaque eau est différente, chaque biotope a son fonctionnement propre, son identité et chaque poisson évolue différemment de ses voisins. C’est pour cela que ce que vous retrouverez ici n’est pas une généralité, simplement un vécu avec un ressenti, des constatations, des suppositions, mais je n’ai pas la science infuse et à vrai dire je ne la désire pas, car c’est cette part de mystère, de découverte qui fait que la passion est toujours aussi envoûtante même après toutes ces années. Dame nature par sa multi-diversité nous ramène très vite à la réalité, nous faisant prendre conscience à chaque sortie que rien n’est acquis. Nos certitudes et convictions peuvent être remises en cause à n’importe quel instant par le silence de nos détecteurs laissant place au doux son du capot. Et oui, malgré tant d’investissement et de réflexion, nous ne sommes jamais à l’abri de rentrer à la maison sans avoir eu le plaisir de toucher la récompense tant convoitée. Alors certes comme beaucoup le disent, à la pêche le facteur chance est indéniable, il faut se donner les moyens de le provoquer et même si l’échec dans certains cas est inévitable, il ne faut jamais baisser les bras, toujours avancer là où l’on a trébuché pour savourer davantage la réussite finale.

comment pêcher la carpe en rivière

Pêche à la carpe en rivière : Le choix de spot

Bien souvent dès mon arrivée sur les berges et avant même de vider la voiture et de m’installer, je décide de me poser quelques instants pour observer, écouter, cherchant quelconques indications trahissant la présence de poissons sur le secteur choisi. Si la réglementation le permet, le bateau pneumatique est rapidement gonflé et un sondage à l’échosondeur et au plomb peut alors débuter pour dégrossir la zone et enfin découvrir les spécificités de la portion du cours d’eau. Le must pour moi est de me trouver devant une eau limpide permettant l’utilisation d’un aquascope afin de pouvoir visualiser le fond dans les premières couches. En début de saison, lorsque les températures sont encore douces, on rencontre régulièrement une eau translucide, pas encore chargée de particules en suspension, et c’est là que les indices peuvent rapidement sauter aux yeux.

Je vais d’ailleurs me pencher sur cette dernière configuration. Lorsque la rivière se transforme en aquarium géant, on découvre rapidement ce qui se passe sous la surface dans les premiers mètres de profondeur. Le fond est généralement recouvert d’une couche de sédiments déposée au fil du temps par le courant, créant ce tapis unicolore au très faibles variations de teintes. Mais quand devant vous se dévoile une zone bien plus claire, les choses sérieuses commencent. Un banc de galets blanchâtres, un banc de sable jaune vif ne me laissent jamais indifférent , ils sont quasiment le point de départ de mon approche. Ce contraste de couleurs révèle que quelque chose se passe ou s’est passé, mais était-ce l’œuvre de nos chères et tendres ? J’analyse la zone pour tenter d’éliminer chaque éventualité, savoir si ce n’est pas le travail du courant, de poissons blancs, d’oiseaux, de rongeurs ou bien même encore de l’homme. Cela reste des suppositions mais il suffit de quelques heures pour bien souvent s’apercevoir de la justesse du choix de spot.

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Je m’en suis rendu compte lors d’une session où au bout d’une heure de pêche sur un bief inconnu, 3 carpes avaient rejoint le tapis de réception à ma plus grande surprise et tout cela avec une unique canne. A une dizaine de mètres de la berge où se trouvait le poste, une bande de galets dans 70 cm d’eau attire mon attention. Ces cailloux sont en effet très clairs comparés au reste de la rivière. Cependant, la présence de l’homme sur le secteur est assez fréquente et ce n’est pas rare d’avoir des baigneurs dans la zone même en début de saison. Oui c’est le sud ici, on barbotte donc toute l’année. Plus sérieusement, je me rends en bateau à l’aplomb pour mieux visualiser cet étrange labourage. On dirait vraiment l’œuvre de pieds humains ayant remué et décollé la couche marron de sédiments. Mais pas seulement, des pierres de plus de 500 grammes sont arrachées du sable sur 5 mètres de longueur et il m’est alors difficile de croire que les poissons sont seuls responsables de la scène. Le hic c’est qu’aucune trace n’apparaît entre la berge et ici. Je scrute à nouveau les pierres avant de regagner le bord, on dirait qu’elles ont été lavées, vierges de tous parasites et autres dépôts naturels.

Au milieu de ce champ de mines, je vois ci et là quelques cavités dans la couche sableuse, avec au centre une petite quantité de brisures de coquillages et des corbicules ouvertes. Le problème, c'est qu‘il y en a vraiment à profusion sur toute la bordure et on se rend compte rapidement que les castors et autres rongeurs y trouvent pitance. Pour en avoir le cœur net, il faut tenter. Un montage esché d’une simple bouillette dense, accompagnée de 10 bouillettes éparpillés sur le spot suffiront pour la prise de température. Je n’aurai le temps de sortir la seconde canne que le détecteur s’emballera violemment et une première commune aux mensurations plus que généreuses rejoindra l’épuisette pour mon plus grand bonheur. La suite vous la devinez, redépose 10 minutes plus tard mais cette fois du bord à l’aide du clip fil de mon moulinet. Des poissons sont potentiellement encore dans le secteur et je ne prend pas le risque de les effrayer avec le pneumatique. Deux sticks solubles sur le bas de ligne, composés pour l’un de farines pour assurer la protection de mon hameçon face aux gros galets et pour l’autre d’une dizaine de bouillettes entières et coupées pour seul rappel. Bien m’en a pris, puisque j’enchainerai 2 autres jolies communes en très peu de temps et au final une dizaine de poissons sur 24 heures exclusivement sur cette tâche. Et le clou du spectacle, je pourrais observer en pleine journée le balais incessant de plusieurs bancs de poissons passer sur le hot spot et deux communes se faisant avoir par mon piège en direct live. Je crois qu’il n’y a pas eu meilleur moment dans ma vie de pêcheur. Cette montée d’adrénaline entre le moment où le poisson s’arrête, secoue la tête, que le carbone se cintre laissant retentir le hurlement du frein, c'est un pur kiff !

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L'importance de la zone

Depuis ce jour, j’apporte énormément d’importance à ces zones. Adepte des pêches de bordure, elles me rapportent très souvent de belles nageuses écaillées, et parfois de bien jolies surprises. Mais on ne gagne pas à tous les coups, les indésirables font partis du jeu et il arrive qu’ils brouillent facilement les pistes. Quoi qu’il arrive, si une zone du fond se distingue par sa couleur différente du reste, penchez-vous de plus prêt sur celle-ci et n’hésitez surtout pas à y laisser l’un de vos pièges, même si ce n’est que pour quelques heures... le jeu en vaut vraiment la chandelle. Dans tous les cas, je pars du principe que si je ne parviens pas à voir les poissons lors du repérage, je vais tout de suite sur les zones peu profondes m’assurer qu’il n’y ait aucune traces trahissant leur passage et surtout de leur alimentation avant de me pencher sur d’autres spots.

Dans le deuxième volet, je vous parlerais appâts et amorçage, taille et quantité, que j‘utilise régulièrement lors de mes escapades, avec bien entendu son lot d’anecdotes, car pour moi c’est bien là l’essence du partage, vous faire vivre des tranches de vie, des souvenirs de pêcheur et passionné de la nature avant tout.

Morgan Mallet
CAP RIVER